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Alors aujourd’hui, on va aller sur l’île de Kyushu au Japon. Et plus précisément à Fukuoka rencontrer Jikaku Mitsuko, artisant-céramiste et la gérante de l’atelier こもん堂 (Komondo). Je suis très contente et heureuse de vous la présenter, car cette rencontre a été très particulière pour moi.

Carte du Japon indiquant l'emplacement de Fukuoka

Pour ma part, j’ai une toute petite expérience de la céramique. Durant mes études de design, j’ai dû faire un stage d’initiation dans un métier de l’artisanat. J’ai donc passé 3 semaines dans un atelier à Séné à côté de Vannes : l’atelier Créamik. J’ai appris vraiment les bases de la céramique comme le tournage, l’émaillage et on va dire des problématiques qui y sont liées. Alors, étant au Japon, il m’est impensable de passer à côté de la céramique.

LA RENCONTRE

Mitsuko sensei dans son atelier

« Le moment que je préfère dans mon métier c’est lorsque je vois la réaction satisfaite d’un client en voyant sa commande ».

Jikaku Mitsuko

Pour remettre les choses dans leur contexte, quand j’ai fini mes études qui ont eu un impact désastreux sur ma santé et ma confiance en moi, j’ai décidé de partir au Japon pour rencontrer et discuter avec des artisans japonais. Arrivée à Fukuoka, j’explique à un ami pourquoi je suis là et il me dit que son maître de karaté a une nièce qui était céramiste. Il me dit également qu’il connaît très bien l’endroit, car il y va souvent avec son maître de karaté pour apprendre la céramique, mieux comprendre la culture et aussi pour passer du bon temps avec tout le monde.

Coïncidence, je ne crois pas ! Dans ma tête, cela a fait tilt ! Alors je n’ai pas hésité. Je lui ai demandé si c’était possible que je puisse m’incruster au prochain cours. Il m’a dit qu’il n’y avait aucun problème donc j’y suis allée et c’est comme ça que j’ai rencontré Mitsuko sensei.

L’ATELIER こもん堂 (Komondo)

L’atelier est divisé en plusieurs parties. Il y a une partie pour la vente. C’est un petit showroom où on peut retrouver toutes les différentes créations. Il y a la partie atelier, on y retrouve tous les éléments nécessaires pour faire de la céramique. Il y a les machines pour faire du tournage, le four, et tous les bacs d’émaux. Et bien sûr il y a quelques tables pour pouvoir aussi travailler la céramique avec d’autres techniques comme par exemple faire de la sculpture. Sans oublier la petite cuisine qui est quand même très agréable, car on peut préparer un petit encas si le besoin s’en fait sentir et manger tous ensemble.

J’ai vraiment apprécié cet endroit parce que c’est un espace accueillant et chaleureux. Tout le monde m’a accueilli les bras ouverts, que ce soit, Mitsuko sensei, le maître de karaté qu’on appelle le Shihan ou encore les habitués de l’atelier. C’est une lieu où l’on se rejoint pour créer, mais aussi tout simplement pour se retrouver autour de quelque chose que l’on aime faire. Je trouve que ça se ressent énormément lorsqu’on entre dans cet atelier. En-tout-cas moi, c’est ce que j’ai ressenti et j’ai trouvé ça génial.

MITSUKO SENSEI

1/ Depuis quand vous intéressez-vous à la céramique ?

J’avais des cours de poterie une fois par an à l’école primaire et au collège, et je les attendais avec impatience chaque année. Je suis allée à l’université pour faire des études de designer. Parmi les différents cours que j’ai suivi, il y avait un cour de céramique. C’est le cours qui m’a le plus intéressée. En plus d’être un cours intéressant, les professeurs était géniaux.

2/ Depuis combien de temps travaillez-vous à こもん堂 (Komondo) ?

J’ai commencé à travailler dans une école de poterie en 2001 et j’ai travaillé en tant que responsable pendant cinq ans avant d’ouvrir ma propre boutique de poterie, こもん堂 (Komondo), en 2006.

3/ Pourquoi êtes-vous devenu un artiste céramiste ?

Comme je l’ai dit précédemment je me suis intéressée à la céramique lorsque que j’étais étudiante à l’université. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai voulu en savoir plus sur la poterie. Je trouve la céramique amusant et plus j’en faisais et plus j’aimais ça. Donc lorsque j’étais au Collège de céramique d’Arita, où sont produites les céramiques d’Arita, cela m’a parut évident que je n’avais pas d’autre choix que de devenir céramiste après avoir obtenu mon diplôme.

4/ Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le métier de potier ?

Le moment que je préfère dans mon métier c’est lorsque je vois la réaction satisfaite d’un client en voyant sa commande.

5/ Quel est le style de travail de こもん堂 (Komondo) ?

J’ai étudié le design (peinture et conception de produits) et j’ai appris à utiliser le tour électrique. J’aussi appris la technique « 上絵付け »(Uwaetsuke). C’est une technique de peinture en surimpression de l’émail. Maintenant, j’apprends aussi 博多人形 (hakata ningyou) les poupées Hakata. Je ne me contente pas de réaliser les formes des récipients, mais je les peins également et je fabrique une large gamme de poupées et d’accessoires afin de pouvoir utiliser pleinement ce que j’ai appris.

Je veux répondre à toutes les demandes, qu’il s’agisse de la commande d’un client ou de ce qu’un élève veut faire dans ma classe. C’est le style de こもん堂 (Komondo).

6/ Qu’est ce que l’on peut faire à l’atelier こもん堂 (Komondo) ?

Je réalise des produits sur commandes. Vous pouvez choisir les motifs et les couleurs.

Je propose également des cours de poterie. Vous pouvez donc faire l’expérience de la poterie. Durant ces cours, vous ferez du tour de potier, de la peinture à votre rythme, du niveau débutant à expert.

7/ Quels autres messages aimeriez-vous faire passer aux gens à propos de la céramique et de こもん堂 (Komondo) ?

La céramique est un domaine profond et difficile, mais cela ne veut pas dire que c’est inaccessible. Il y a certaines céramiques et techniques qui peuvent être faites par des débutants, donc n’ayez pas peur ! Si vous êtes intéressés, venez essayer !

C’est aussi très amusant d’aller aux cours et de s’améliorer progressivement !

EXPÉRIENCE

Une fois que j’ai su que je pouvais faire des cours, je me suis laissée tenter et j’ai essayé. J’ai appris deux techniques. Une que je connaissais déjà, car je l’avais déjà pratiqué en France, durant mon stage d’initiation. Il s’agit du tournage. 

Le tournage est une technique très répandu à travers le monde. Malgré les apparences, si on reste sur des formes basique, ce n’est pas si difficile que cela.

C’est même très amusant. Pour ma part, j’ai adoré cette expérience et je reste fascinée lorsque je vois petit à petit l’objet prendre forme sous mes doigts.

Comme il y avait pas mal de similitudes avec ce que j’avais déjà fait en France. Je me débrouillais et le résultat final n’était pas trop moche tant que cela restait une forme simple. Par contre la seconde technique “ひもづくり” (himodzukuri), c’était la première fois que j’en entendais parler. Et j’ai trouvé cela super intéressant parce que c’est totalement une autre manière de faire de la céramique.  

Photo l'explication de la technique "himodzukuri"

Avec le tournage, on vient modifier la forme de la céramique avec de l’eau et la rotation du tour.  Avec “ひもづくり” (himodzukuri) c’est différent. Déjà il n’y a pas d’apport d’eau durant le façonnage de la céramique. C’est une grosse différence. Ensuite, on crée la céramique de manière stratifiée. Pour faire simple, c’est une superposition de boudins de céramique. Pour les maintenir ensemble, on vient étirer le boudin inférieur vers le boudin supérieur. Cela permet de lisser et de combler la jonction entre les boudins. C’est une étape importante, car il ne faut pas qu’il y ait de bulles d’air qui restent coincées. Si par malheur il y a en a une, même minuscule emprisonnée, elle peut avoir de graves conséquences lors de la cuisson. La pièce peut se fissurer voir exploser dans le four.

En y regardant de plus près, j’ai trouvé cette technique de plus en plus intéressante. Parce qu’elle me fait penser à une autre technique beaucoup plus contemporaine et technologique. Allez, je vous laisse un peu de temps pour chercher.

L’impression 3D !

Évidemment, je ne dis pas que ce sont les mêmes techniques. Il y a de grosses différences comme le matériau utilisé et le fait que l’objet soit créé à partir d’un fil continu. Mais sur le fond, nous sommes bien sur la construction d’un objet par couches stratifiées.

Personnellement, je trouve cela énorme de trouver des similitudes entre deux techniques qui sont aux antipodes. Et qui sait, c’est peut-être l’origine de l’impression 3D. Il y a un mec un jour, il a vu cette technique au Japon. Il s’est dit “ Oh là là, mais c’est super cool comme technique. Mais je n’ai pas trop la foi de le faire de moi-même ». Et du coup, il construit une machine qui le fait à sa place. Voilà l’impression 3D est née!

Comme dirait un grand philosophe Breton,

“Comme quoi ! On n’a rien inventé !”

Mon père

Bon, je fabule un peu. Mais pour être un peu plus sérieux, je trouve cela extrêmement intéressant de constater qu’il y a des similitudes entre une technique extrêmement moderne utilisée pour le prototypage et une technique très ancienne. Cela prouve que l’on peut faire des ponts entre les techniques artisanales et les techniques de productions modernes. Et donc qu’une hybridation des techniques est possible.

Ce sont les deux techniques que j’ai pu faire expérimenter à Komondo. Je pus réaliser mes propres bols. Je me suis occupée seulement de la mise en forme. L’émaillage a été fait par Mitsuko sensei, car c’est une étape assez compliquée et qu’il faut savoir vraiment gérer tous les paramètres. J’ai juste eu à choisir les couleurs dans les échantillons qu’elle m’a proposé. Durant mon séjour au Japon, cet endroit est vraiment devenu important pour moi. Tellement important que lorsque ma mère est venue me rendre visite. Il m’était impensable de ne pas l’amener à Komondo. Et il m’était tout aussi impensable que ma mère ne rencontre pas ces personnes qui m’ont énormément aidé au Japon et qui m’ont beaucoup appris sur la céramique et la culture japonaise.

Ici vous pouvez retrouvez tous le travail de Mitsuko sensei !

Voulez-vous rencontrer d’autres artisans ?

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