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Il y a peu, je suis allée au Miyako Messe.

De ce que j’ai compris, c’est le palais des congrès et un des centres d’expositions de Kyoto. Je ne suis pas encore experte en Kanji donc il se peut que je me trompe. Mais ce dont je suis sûr, c’est que là-bas se trouve le musée de l’artisanat et du design de Kyoto. Quand on me l’a dit, vous imaginez que je n’ai pas attendu qu’on me le dise une deuxième fois ! J’ai pris mon vélo et j’y suis allée le jour suivant.

Comme à mon habitude, je me suis perdue, et une gentille petite dame m’a dit que le musée se trouvait au niveau inférieur. Et là, je me suis dit “SUPER, c’est relégué au sous-sol. ” J’avoue qu’à ce moment-là, j’ai eu un peu peur de la qualité de l’exposition pour qu’elle soit au sous-sol. Mais bon j’avais traversé tout Kyoto à vélo, donc après tous ces efforts, autant y jeter un coup d’œil.

Une fois descendue, ce n’était pas du tout ce que j’avais pensé et heureusement !

OH médisante que je suis !

Je suis arrivée dans un espace ouvert avec un puit de lumière. Super agréable !

Mais bon, parlons un peu de l’exposition. J’en ai eu plein la vue ! 74 ! Il y a 74 artisanats typiques de Kyoto qui y sont présentés ! Autant dire du pain béni pour moi. Quand j’ai commencé, j’avais l’intention de tous vous les présenter. Mais j’ai eu les yeux plus gros que le ventre. Si je le faisais, ce ne serait plus un article que vous liriez, mais un roman. Donc on va faire petit bout par petit bout.

Alors c’est parti !

Le Nishijin-ori (西陣織)

Qu’est ce que c’est ?

À la base, « nishijin »(西陣) c’est un quartier de Kyoto.

Plan de Kyoto indiquant le quartier de Nishijin
quartier de Nishijin

Et « ori » (織) veut dire tissu en japonais. Donc, littéralement, il s’agit du tissu de Nishijin. C’est un textile tissé à motifs. À l’origine, il était utilisé pour faire des kimonos ou encore des Obi (c’est la grande ceinture en tissu qui maintient le kimono en place.) Bien sûr, de nos jours, on l’utilise toujours pour cela, mais aussi pour des articles beaucoup plus contemporains comme des cravates ou encore des décors d’intérieurs. Mais il y a une chose qui m’a intriguée : les fils.

Les fils utilisés sont teints au préalable. Je veux dire avant le tissage. Alors, oui, je vous vois venir en me disant “Oui et ? C’est comme cela pour beaucoup de tissu. ” Je suis complètement d’accord. Mais j’aimerais préciser que le Nishijin-ori (西陣織) c’est vieux ! L’industrie du textile à Kyoto a commencé à se développer au 5e siècle dont le Nishijin-ori (西陣織) pour habiller la cour Impériale.

Car oui, pour ceux qui ne le savent pas, Kyoto a été la capitale du Japon de 794 à 1868. Cela a favorisé le développement de beaucoup d’industrie MAIS c’est pas le sujet ! Ne nous dispersons pas !

Donc le Nishijin-ori (西陣織) c’est vieux ET à motifs, pas uni, À MOTIFS ! Et je parle bien d’un tissu avec dont le motif est créé grâce au tissage, pendant la fabrication. Je parle d’un tissu qui a une multitude de motifs et pas seulement des géométriques et répétitifs.

NON NON NON ! Ce serait beaucoup trop simple. Je ne sais pas si vous imaginez, mais avoir du textile tissé avec des motifs aussi complexes avec des fils teint au préalable pour l’époque. C’est un travail monstrueux de préparation. Excusez mon langage mais ça doit être un véritable bordel à faire !

Bref, je trouve cela impressionnant d’avoir pu réaliser des textiles de cette qualité avec des techniques qu’on appellerait aujourd’hui “low-tech”.

Mais en plus de ça, grâce à ces fils préalablement teints et tissés, le motif est intrinsèque au tissu. Je veux dire par là que le motif est visible des deux côtés du tissu et est de la même qualité ! Je ne sais pas vous, mais je trouve cela super, car cela amène une réversibilité du tissu qui peut être super intéressante.

Le process !

Dans tous les cas, ça m’a l’air d’avoir un procédé de fabrication long, avec tellement d’étapes.

Rien que de vous le dire ça me donne envie d’en savoir plus !

En cas cela m’a l’air assez codifié. Ne serait qu’à propos des motifs. Il y en a 12 types de tissus qui engendrent de motifs spécifiques due à leur processus de fabrication différents.

  1. Le Tsuzure, (綴) une sorte de tapisserie
  2. Le Tatenishiki, (経錦)
  3. Le Nukinishiki (緯錦)
  4. Le Donsu ou Damask (緞子)
  5. Le Shuchin (朱珍)
  6. Le Shouha (紹巴)
  7. Le Futsu (風通)
  8. Le Mojiri-ori (捩り織)
  9. Le Honshibo-ori (本じぼ織)
  10. Le Velvet (ビロード)
  11. Le Kasuri-ori (絣織)
  12. Le Tsumugi (紬)

Malheureusement je n’ai pas de photo pour vous montrer la différence entre ces tissus. Du moins pas encore. J’ai seulement ces deux photos.

Nishijin-ori
Nishijin-ori
Nishijin-ori
Nishijin-ori

Je me demande si ces motifs peuvent évoluer ou si c’est impensable pour les artisans de sortir de cet univers graphique car ils ne considéraient plus cela comme du Nishijin-ori (西陣織)

passons au deuxième artisanat: Kyo-Yusen (京友禅)

Le Kyo-Yusen (京友禅)

Qu’est ce que c’est ?

Le “Kyo” (京) fait référence au “Kyo”(京) de Kyoto (京都) et “Yusen » (友禅) veut dire teinture en japonais. Donc, littéralement, cela veut dire “teinture de Kyoto”, j’ai envie de dire simple et efficace.

Contrairement au Nishijin-ori (西陣織) Ici, le tissu est teint après sa fabrication. Donc l’artisanat ne porte “que” sur la teinture. Enfin je mets le “que” entre guillemets, car vous allez voir que bien que ce soit un artisanat de teinture, c’est déjà assez complexe !

Vous ne le savez peut-être pas, mais il y a plein d’artisanats de teinture au Japon. Mais la chose incroyable, c’est qu’ils ont tous une particularité. Elle peut se trouver au niveau des couleurs, des motifs ou encore au sein du processus de fabrication.

Maintenant, j’imagine que vous voulez savoir celle du Kyo-Yusen (京友禅). Il utilise la technique “Itomenori”. Cela consiste à positionner de la colle sur le contour des motifs avant de commencer à teindre. Cela empêche les couleurs de se mélanger et donne une identité graphique forte et reconnaissable ( un peu à la Gaugain). En plus de cela, une fois le tissu teint, avec du fil d’argent ou d’or, l’artisan vient broder les derniers détails du motif.

Et ça ressemble à cela.

Mais chose intéressante ! Cet artisanat a déjà eu des évolutions dans sa pratique et maintenant, il y a deux manières de le pratiquer ! (Personnellement, ça me donne des idées ! ) Il y a le tegaki yusen (手描友禅) qui est une teinture faite à la main et le kata-yusen (型友禅) cette deuxième manière de faire qui est en fait une amélioration de la première. C’est une teinture qui utilise le pochoir.

Alors regardons de plus près comment ces deux processus de fabrication.

Le process !

ça c’est le tegaki yusen (手描友禅)

Et ça c’est le kata-yusen (型友禅)

et voici le résultat !

Voilà vous savez ce qu’est le Kyo-Yusen (京友禅). Je trouve cet artisanat très intéressant pour une raison particulière. Pour moi, il est la preuve qu’un artisanat peut évoluer, élaborer de nouvelles techniques, mais surtout faire coexister les nouvelles techniques avec les anciennes. C’est la preuve que l’artisanat peut se tourner vers l’avenir et s’adapter aux préoccupations contemporaines sans pour autant renier sans passé.

Cela est dû au fait que ces différentes techniques n’ont pas les mêmes enjeux. Elles se complètent donc au lieu de se concurrencer.

Le tegaki yusen (手描友禅) permet une certaine liberté dans le motif. Bon, je n’ai pas vu d’artisans (pas encore) donc cela n’est qu’une supposition, mais je pense que cette technique permet d’avoir des détails beaucoup plus précis, car c’est fait main. Un tissu fait par cette technique peut même s’ériger au rang de pièce d’art.

Mais le kata-yusen (型友禅) est au contraire une technique qui a été systématisée par l’utilisation des pochoirs. Cela la rend plus accessible au public et est une bonne manière d’entrer dans l’univers de cet artisanat.

Deux techniques, deux buts mais qui ont pour effet de valoriser une profession.

Pour finir

Voilà, je vous ai présenté 2 des 74 artisanats typiques de Kyoto. Je pensais en faire trois, mais je n’ai fait que survoler ces deux artisanats et en ajouter un, j’avais un peu peur que ça fasse trop long. Donc je vais m’arrêter là pour aujourd’hui.

Je ne sais pas vous, mais moi ça me donne tellement envie d’aller voir ça de plus près. J’ai fait mes petites recherches et il y a un musée qui y est spécialement dédié. Cela vous intéresserait que j’aille y faire un tour où je pourrais directement aller un artisan qu’en dites vous? Et à la prochaine pour découvrir d’autres artisanats !

Cette publication participe au Carnaval d’articles “Les Secrets de la Créativité”, organisé par le blog S’élever par l’art, à l’occasion du Festival de la Créativité, se déroulant en ligne du 15 au 23 octobre 2022. L’inscription au Festival de la Créativité est gratuite. N’hésitez pas à découvrir son programme et à vous inscrire.

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