Sélectionner une page

Si vous ne le saviez pas, j’ai vécu à Fukuoka pendant 1 an. Et c’est dans cette ville que m’est venue l’idée de ce blog. Pourquoi ? Parce que je me suis littéralement pris dans la figure la beauté de l’artisanat japonais. Fatalement, étant la ville de mon cœur, il m’est inimaginable de ne pas présenter ce qui a fait sa renommée dans le domaine culturel.

LAISSEZ-MOI VOUS PRÉSENTER LE BIG 7 DES ARTISANATS DE LA PRÉFECTURE DE FUKUOKA

Bon en réalité, il y en a plus, beaucoup plus ! Mais ceux-là, comment le dire d’une manière élégante, ils éclatent le GAME ! D’ailleurs, ils ont tous le label Kougei. C’est un label donné par le ministère de l’Économie, du commerce et de l’industrie japonais. Et ce n’est pas si simple de l’obtenir. Il faut remplir pas mal de critères. Je vous en partage deux parmi tant d’autres :

  • L’artisanat doit être vieux d’au moins 100 ans.
  • L’artisanat doit être toujours pratiqué et sa production d’actualité.

Cela vous donne un ordre d’idée. Si un artisanat a cela, c’est comme Naruto en mode Rikudô Sennin ou San Goku en mode Super Sayan. En bref c’est le big boss.

Assez parlé, VOICI LE BIG 7

Le Yame chochin (八女提灯)

Yame se trouve ici en plein centre de la préfecture de Fukuoka

Carte de l'emplacement de la ville de Yame
Carte de l’emplacement de la ville de Yame

C’est un artisanat de lanterne en papier. Vous savez les rétractables, celles qui donnent une atmosphère mystique à n’importe quel lieu à la nuit tombée. Là-bas, la production de lanternes a commencé, il y a environ 200 ans.

En même temps, c’est l’endroit parfait pour ! Yame est la plus grande commune de la préfecture de Fukuoka, mais c’est aussi la moins peuplée ! Autant vous dire que là-bas, c’est vert, très vert. (BZH représente !! ). Il y a une grande rivière, belle et propre. Elle est parfaite pour l’industrie du papier washi. Il y a plein d’espace parfait pour la production du bambou. Et devinez quoi, c’est exactement ce qu’il faut pour faire des lanternes en papier.

Bien que l’approvisionnement en ressources soit important, il y a une autre raison qui a permis aux lanternes Yame chochin (八女提灯) de traverser le temps. Yame est un haut lieu du Bouddhisme. Les lanternes sont encore très sollicitées et demandées durant les rituels, les célébrations et les processions. Mais ne vous méprenez pas, cet artisanat ne se repose pas sur ces lauriers. Il innove et j’ai pu m’en rendre compte en rencontrant Ito Hiroki, artisan de la nouvelle génération de Yame chochin (八女提灯) qui m’a tout expliqué.

Yame fukushima Butsudan (八女福島仏壇)

Avant que vous ne preniez peur par la longueur du nom de cet artisanat, laissez-moi vous expliquer. Yame vous connaissez déjà, c’est la ville. « Butsudan » cela veut dire autel en japonais. « Fukushima », c’est un style particulier d’autel. Et je vous vois venir avec cette question. Oui, c’est aussi la ville à laquelle vous pensez. (Est-ce que c’est originaire de là-bas ? Il ne me semble pas. À confirmer.) Bref, revenons à nos moutons.

Photo d'un autel de l'artisanat de Yame Fukushima Butsudan
Autel de l’artisanat de Yame Fukushima Butsudan

Donc c’est un artisanat d’autel bouddhiste. La production a commencé au milieu de l’ère Edo (1603-1868) c’est-à-dire aux alentours de 1700. C’est donc juste un artisanat qui a quasiment 5 siècles d’existence. NORMAL. Pour moi, cet artisanat a une particularité qui n’est pas négligeable.

Lorsque je suis allée là-bas, je pensais naïvement aller voir un atelier de Yame fukushima Butsudan (八女福島仏壇). Que nenni ! Je suis arrivée à Urushikoubou Iwaya, un atelier de laque. Au début, je n’ai pas compris. C’est après les explications de Chikamatsu-san que j’ai compris que ce n’était qu’UNE étape de la fabrication de l’autel. Pourquoi cela ? Parce que c’est un artisanat COLLABORATIF !!!!! Il requiert 6 corps de métiers pour sa fabrication. En même temps, vous avez vu le bestiau. SPLENDIDE ! Ces autels servent à honorer les personnes défuntes. Dans le passé, il était courant d’en avoir un dans chaque foyer. Malheureusement, à notre époque contemporaine, la production est en déclin, mais ne vous inquiétez pas, chaque corps de métiers a su trouver un moyen d’évoluer et d’innover pour perpétuer son savoir-faire.

bijoux laqués issus de la même technique du Yame Fukushima Butsudan
bijoux en métaux issus de la même technique du Yame Fukushima Butsudan

Hakata ningyou (博多人形)

C’est un artisanat de la ville de Fukuoka même, “Hakata” étant l’un des quartiers les plus connus de la ville. Et “Ningyou” ça veut dire poupée. Il s’agit donc de poupées en céramique peinte à la main.

Carte de l'emplacement de la ville de Fukuoka
Carte de l’emplacement de la ville de Fukuoka

La particularité de cette poupée est qu’elle n’est cuite qu’une seule fois et est ensuite peinte. Et ça, c’est plutôt inhabituel. La majorité du temps, on cuit une première fois, on applique l’émail et on recuit la céramique pour que la couleur apparaisse. Les Hakata Ningyou (博多人形) sont connues pour être extrêmement délicates et difficiles à réaliser.

C’est compréhensible quand on pense que l’artisan doit faire attention à chaque détail de la poupée, des plis des vêtements en fonction de la couleur qu’il va devoir appliquer par la suite. Autant que c’est un sacré exercice de visualisation, mais le résultat est magnifique.

Bien que cela soit vieux de plus de 400 ans, cet artisanat résiste plutôt bien à notre époque. Il attire toujours des jeunes à le pratiquer. D’ailleurs, j’ai eu l’occasion de la faire à 2 reprises. Ces expériences m’ont même ouvert les portes de l’atelier de Tanaka Yuki où j’ai pu plonger dans l’univers du Hakata Ningyou (博多人形).

Hakata Ori (博多織)

Comme le Hakata Ningyou (博多人形), le Hakata Ori (博多織) vient de la Fukuoka et également du même quartier “Hakata”. “Ori” cela veut dire tissu en japonais. C’est un artisanat de tissus de fils de soie. Ce tissu épais et très solide est utilisé depuis le début de sa production pour faire les obi, la ceinture du kimono. C’est d’ailleurs ce qui l’a rendu célèbre auprès du Shogun il y a environ 780 ans. Oui oui oui, j’ai bien dit 780 ans.

Échantillon d'un tissu Hakata Ori
Échantillon d’un tissu Hakata Ori

C’est un tissu plutôt reconnaissable notamment grâce à ses motifs qui sont typiques de Hakata. On les retrouve d’ailleurs un peu partout dans le quartier, notamment à la station Hakata, l’une des plus grandes de la ville.

Mais attention ne croyez pas que ce vétéran se repose sur ces acquis ! Non non, bien au contraire. Après avoir visité l’atelier Hakata Takumi Kougei, j’ai vu une réelle volonté de s’adapter en proposant de nouveaux types d’articles qui s’accordent mieux aux besoins contemporains. Mais il y a également une réelle volonté d’innover en expérimentant techniquement de nouvelles manières de tisser ou en utilisant de nouveaux matériaux. Comme on dit “ce n’est pas aux vieux qu’on apprend à faire la grimace.”

Kurume Kasuri (久留米絣)

Avec le Kurume Kasuri (久留米絣), on reste dans le domaine du tissu. “Kurume” veut dire lien, mais c’est aussi la ville dont il est originaire. Cette ville se trouve entre Yame et Fukuoka. “Kasuri ”, c’est un type de tissage et donc de tissu.

Carte de l'emplacement de la ville de Kurume
Carte de l’emplacement de la ville de Kurume

Il a été élaboré accidentellement par la fille d’un agriculteur de la ville, il y a environ 200 ans. C’est un tissu fait avec du coton. Depuis ses débuts, il est très apprécié, car c’est un tissu qui est parfait pour la vie quotidienne : frais en été, chaud en hiver. Que demande le peuple ? Il est très reconnaissable par sa couleur, car il joue avec les nuances d’indigo. Mais en plus de cela, grâce à son processus de fabrication, les motifs générés ont une identité graphique particulière que personnellement J’ADORE !

Aujourd’hui, il continue à être produit. Mais la particularité de son motif nécessite une intervention humaine. La production ne peut qu’être semi-automatique ce qui engendre un coût supplémentaire. Cela fait donc baisser la production.

Mais étant allée voir 緒方かすり工房 aigoto je me demande sincèrement comment un tissu avec une identité aussi forte ne pourrait pas trouver sa place dans notre monde contemporain. Je vous laisse juger et voir par vous-même.

Agano Yaki (上野焼)

Comme son nom l’indique, cet artisanat vient d’Agano. Cela se trouve ici, au nord de la Préfecture de Fukuoka.

Carte de l'emplacement de la ville d'Agano
Carte de l’emplacement de la ville d’Agano

C’est un artisanat de céramique qui est très lié au thé et donc au rituel de la cérémonie du thé. Sa naissance, aux alentours de 1600, est due à la rencontre entre les poteries coréennes et le seigneur Hosokawa Tadaoki qui a posé les bases de la cérémonie du thé.

Alors vous allez me dire : “C’est bon à savoir, mais en quoi cela change quelque chose sur l’Agano Yaki (上野焼) ?” Eh bien, cela change tout en fait ! Étant utilisé pour la cérémonie du thé, les artisans d’Agano Yaki (上野焼) appliquent la même rigueur et finesse dans leur geste. Et cela se ressent dans leur céramique. Mais ce n’est pas ça le plus beau ! C’est la QUANTITÉ de couleurs qu’il y a dans cet artisanat ! Pour moi, les artisans d’Agano Yaki (上野焼) sont des alchimistes de l’émail !

Ils jouent et expérimentent avec les couleurs, mais aussi avec la texture même de l’émail ! Des génies ! Je suis personnellement fascinée par la couleur. Donc autant vous dire que j’en ai pris plein les yeux lorsque je suis arrivée KOUSHINGAMA. Leur savoir-faire rend leur céramique si particulière. C’est également ce qui fait perdurer l’Agano Yaki (上野焼) dans le temps.

7/Koishiwara Yaki (小石原焼)

Voilà, on arrive à la fin et on va parler du Koishiwara Yaki (小石原焼). Alors malheureusement, c’est le seul que je n’ai pas pu aller découvrir. Pourquoi ? Bah regardez où ça se trouve ! Peu de bus, pas de train, pas de voiture et j’ai beau être sportive, je ne me voyais pas défier les montagnes japonaises à vélo. Juste un peu trop ambitieux pour moi.

Carte de l'emplacement de la ville de Koishiwara
Carte de l’emplacement de la ville de Koishiwara

Mais ne vous inquiétez pas, je me suis renseignée. Et maintenant j’ai tellement envie d’y aller que je suis même prête à défier les montagnes japonaises !

Alors on est sur un artisanat de céramique. Sa production a commencé dans les années 1680. Les céramiques Koishiwara Yaki (小石原焼) sont très reconnaissables grâce aux motifs au sein de leur émail. Mais contrairement à la majorité des céramiques où le motif apparaît dans l’émail durant la cuisson, ici le motif, c’est l’émail lui-même. Ce qui donne le motif, c’est l’artisan en retirant l’émail à certains endroits de manière régulière. En soi, c’est comme s’il sculptait l’émail.

Oh lala je deviens poète. Mais bref plus j’en parle et plus je suis dégoûtée de ne pas avoir encore eu l’occasion d’aller voir cela de mes propres yeux. Malheureusement je n’ai pas trouver de photos libre de droit mais pour me faire pardonner, je vous mets en lien mes sources. Comme ça vous pouvez vous faire une idée de ce que c’est.

Voilà, on les a tous vus ! On est d’accord qu’ils ont tous mérité leur réputation de BIG 7.

Si vous êtes curieux, n’hésitez pas à aller les voir de plus près.

Spread the love